Tour du Cervin 2017

Tour du Cervin 2017




En début d’année, j’ai proposé à mon fils Antonin s’il voulait bien m’accompagner cet été pour faire quelques étapes du Tour du Cervin ; il était ok pour l’aventure et nous nous sommes dit que nous allions aussi prendre notre chienne Leïa, berger australien de 1 ½ an et 20 kg. Je réserve les hôtels et cabanes, organise le matériel et les étapes et c’est parti pour en tout 4 jours de randonnées alpines en Valais.
Petite précision : j’avais déjà tenté ce tour en 2014, mais avais dû abandonner après deux jours, les pieds en bouillie, chaussures mal adaptées.


Jour 1 : Zinal - Arolla

La veille nous sommes arrivés à Zinal, c’était le départ du tour pour nous ; je parque la voiture pour la semaine, on prend notre chambre d’hôtel, dîner et dodo…
Le lendemain matin nous avons pris le car postal pour commencer à marcher à la fin du Lac de Moiry. Je m’étais dit qu’on n’allait pas forcer le 1er jour, 5 heures de marche pour une mise en jambe, c’est bien…
Il est aussi possible de commencer cette étape depuis Zinal, mais c’est bien plus long et ça fait deux cols à 3000m. L’avantage de ce tour est qu’on peut composer avec les transports publics (car postal et remontées mécaniques).
En 2014, j’avais pris le col « officiel » du Torrent, cette année je me suis dit on va voir autre chose, donc on a pris celui du Tsaté, distant de quelques km à vol d’oiseau et qui redescend directement sur les Haudères.
Donc montée sur le col (2’868m), marche sympa avec en bas la vue sur le lac et barrage de Moiry et la cabane du même nom. Arrivée au col un peu avant midi, le temps était encore secs, frais et un peu venteux. Par contre dès que nous sommes passés de l’autre côté, il a commencé à pleuvoir et venté fort, la descente fût épique et on a pu tester le matériel de pluie…
Après env. 3 heures de descente, arrivée aux Haudères, on a attendu le car postal qui nous a emmenés à Arolla. Attention à bien suivre les panneaux d’indications jaunes, on s’est un peu planté et on a du rallonger l’étape de bien une heure je pense J Dodo à l’Hôtel Kurhaus, établissement ancien et très joli, cuisine par contre bof…


Jour 2 : Arolla – Prarayer

Rendez-vous à huit heures avec notre guide pour la montée au Col Collon via le Haut Glacier d’Arolla. J’ai beaucoup aimé la montée au glacier car le guide était intarissable sur les formations glacières et les changements que la vallée a connu à travers les siècles, ce fût très enrichissant. Au milieu de la montée j’ai pu prendre un peu conscience des difficultés liées aux passages des échelles et autres chaînes qui jalonnent le trek avec Leïa, car il a parfois fallu la porter par son harnais, ce que j’appréhendais avant le départ. Là ça c’est bien passé, par contre ce fût une autre histoire l’étape d’après…
La météo était annoncée fraîche, nuageuse, venteuse et humide, plus on montait et plus on se disait que l’équipement adéquat était nécessaire. Trois ans avant je passais le col en t-shirt et grand ciel bleu ; là c’était gants, bonnets et veste d’hiver ! Donc passage du Haut Glacier, montée au col Collon (3'087 m), arrivée vers midi par -5°C, il grésillait et après avoir remercié notre guide, nous n’avons pas tardé pour descendre un peu en altitude.
          

La descente du côté italien se passe dans un environnement très rocailleux et les indications où passer ne sont pas toujours faciles à trouver, on a un peu improvisé entre les rochers avec de bonnes parties de rire avec Antonin ! on a ensuite trouvé un arrière de gros bloc pour manger un brin et faire une (petite) pause puis nous sommes reparti, une espèce de tempête orageuse (froide) arrivait derrière nous et nous n’avons pas tardé. Ensuite pause bienvenue au refuge Nacamulli, les doigts et les pieds commençaient à être bien gelés, on en a profité pour se réchauffer et boire un thé, puis changer de chaussettes car elles étaient mouillées chez nous deux et ce n’est pas bon pour la descente, expérience faite ! 
Ensuite descente sur Prarayer avec toujours l’orage derrière nous, là aussi je craignais un peu pour Leïa car il y a une succession d’échelle et de chaînes pour s’aider à passer, mais en fait elle a toujours trouvé un passage à côté, donc les pattes dans le nez pour elle ! Arrivée vers 17h00 au refuge, bonne douche chaude, une bonne bière et souper, puis on n’a pas demandé notre reste. Pour info, ce refuge est en fait un petit hôtel avec des dortoirs, mais aussi des chambres double, j’avais dû en réserver une avec accès direct sur la pelouse car les chiens n’étaient pas admis dans le refuge à proprement dit, là ça a bien fait l’affaire !


Jour 3 : Prarayer – Breuil Cervinia

Départ le lendemain vers 07h30 pour le Col di Valcournera ; ce fût réellement pour nous l’étape la plus difficile, mais aussi la plus sauvage et alpine, quand j’y repense maintenant, quel pied !
La montée dans le vallon di Valcournera est une belle mise en jambe d’env. 1h30. Ensuite au milieu de celui-ci est écrit sur un gros bloc la direction à prendre pour le Col (à gauche) ,
et plus on monte, plus les 2ème et 3ème effets kiss cool s’offrent à nous J la 1ère partie monte raide, nous voyons bien la vallée et la déclivité s’accentuer, avec Antonin nous nous amusions à deviner au fur et à mesure de la montée combien de mètres en altitude nous montions et là, au détour d’un rocher, une des plus belle vision de ce tour s’est offerte à nous : une harde de 6-7 bouquetins. Leïa n’était pas tenue en laisse et j’ai eu la chance de les apercevoir en premier, avant qu’elle ne les sente, donc vite fait je la lui ai mise et ai indiqué à Antonin, qui me suivait, de ne pas faire de bruit et de me rejoindre doucement. Nous avons ainsi pu les observer pendant plusieurs minutes, il y avait trois individus qui broutaient paisiblement et qui se déplaçaient de rochers en rochers. A un moment ils ont – je pense – sentit notre présence ou l’odeur de la chienne (ou les deux…) et ont commencé à monter pour s’éloigner de nous ; nous avons donc décidé de continuer tout en se disant quelle chance nous avions eu. Quelques dizaines de mètres plus haut, nous avons aperçu un grand mâle, bien posé sur ses pattes arrières, celles avant posées sur un rocher un peu plus en hauteur, stature de maître de la montagne… il nous toisait ainsi de sa hauteur, n’était même pas impressionné par Leïa (elle par contre je devais la tenir, mais étonnamment n’aboyait pas, comme si elle savait qu’il ne fallait pas faire de bruit). Puis il est parti et est monté dans les rochers en direction du groupe d’avant. Après avoir essayé de prendre quelques photos (pas évident avec la chienne qui tirait…), nous avons repris notre ascension et de nouveau, quelques mètres plus loin, une étagne avec son petit cabri nous regardaient ! là nous avons pu admirer ces bêtes vraiment collées aux rochers, le petit suivait sa mère sur une corniche avec je pense 20 mètres de hauteur, vraiment une des plus belles images de la vie sauvage lors de ce tour !
Après cet intermède matinal, nous continuâmes notre ascension vers le Col et après une succession de rochers et la montée dans un pierrier, je me disais que nous allions arriver au Col… grave erreur ! C’est en arrivant en haut de ce pierrier qu’est apparu devant nous LA difficulté : la dernière montée dans une succession de pierres et d’éboulis, avec de la neige au sommet… j’avais l’impression de me trouver dans le Seigneur des Anneaux, lorsque Frodon et Sam gravissent la montagne du Mordor pour y jeter l’Anneau… Même (à peu près) préparés physiquement, je dois avouer que cette montée fût la plus pénible du trek, les pierres et l’altitude ne font pas bon ménage… par contre pour Leïa, aucun problème, elle crapahutait sur et entre les blocs et les pierres comme une chèvre ! Mais belle montée en altitude, bien physique...

Arrivée au col (3'073 m), il faut prendre sur la gauche et suivre la falaise et les cordes bleues. Là j’ai commencé à avoir les réponses aux questions que je me posais concernant les passages difficiles avec Leïa ; à partir d’un moment, j’ai dû l’attacher avec la laisse et un mousqueton à ma ceinture, c’était tellement raide avec (presque) le vide devant nous que je n’avais pas envie qu’elle fasse le grand plongeon… elle avançait donc devant moi, étant ralentie par son attache, il y a des échelles fixées dans des dalles bien plates, un chien avec ses griffes n’adhérant pas au mieux ! il y a aussi eu un autre passage dans la même portion où j’ai dû, adossé à la falaise, la prendre par le harnais de ma main gauche et la faire passer devant moi sur la droite, avec le vide en dessous… en fait ces passages sont tout à fait faisables pour l’homme, mais comme je n’avais pas trouvé de renseignements sur le TDC avec un chien, je les expliquent en toute humilité si par hasard, d’autres randonneurs auraient besoin d’avoir une trace de cette expérience. Donc faisable avec un chien, mais par moment il faut le porter, harnais obligatoire, plus de 20 kg ça commence à devenir lourd J


Ensuite la descente sur le Rifugio Perucca Vuillermoz et la vallée, très beaux paysages et un environnement vraiment montagnard, avec la visite, env. 30’ après, du plus petit refuge que nous avions jamais vu.. 2 places ! 

Ensuite par contre la descente sur Breuil Cervinia est longue, longue… Comme nous en avions un peu marre de marcher, lorsque nous sommes arrivés au bord de la route principale qui mène à la station, je me suis dit : et pourquoi pas de l’auto-stop ? il nous restait env. une heure de marche et Antonin en avait plein les chaussures, donc on se met en bord de route, je tends mon pouce et… le premier camping-car qui arrive s’arrête et un couple de jeunes français très sympa nous prend, 15’ après nous étions à Cervinia ! Après les avoir remerciés, nous avons traversé Cervinia pour nous rendre à l’Hôtel Europa ****, sans aucun doute le meilleur et le moins cher de tout notre trip ! Breuil-Cervinia m’a fait penser à Zermatt, mais en plus petit avec moins de monde, ce qui ne dérange pas il faut dire… Bonne bière au bar de l’Hôtel puis pizza of course et dodo, la journée fût longue.



Jour 4 : Breuil Cervinia – Zermatt

Super petit déjeuner au buffet de l’hôtel puis départ en direction du col Théodule. Nous avons opté pour les remontées mécaniques jusqu’à Plan Maison et 2ème télécabine jusqu’à cime blanche. Je dois avouer que la montée au col n’a rien de transcendant, on marche sous les remontées et le paysage n’est que boulevards grisâtres et dégarnis d’une station d’hiver en plein été…
Par contre cette ascension est l’occasion de voir le Cervin de son versant italien, ce jour-là il jouait à cache-cache avec les nuages, tu me vois, tu m’vois pas… Arrivée au col Théodule (3'317 m) vers 12h00, la vue est magnifique sur les deux versants suisse et italien, avec la photo d’usage.
Ensuite nous sommes descendus du côté suisse par le glacier Théodule, sentiment mitigé car il faut longer la piste de ski et le glacier jusqu’à Trockener Steg. 2 à 2 ½ heures pour y arriver avec toujours le Cervin sur notre gauche, à ce moment il était complétement dégagé. Leïa, qui ne voulait pas mettre ses chaussons de protections, a été légèrement blessée aux pattes, elle saignait un peu à cause de la glace fondante et coupante, elle s’est bien léchée le soir, le lendemain plus rien !
Donc descente de Trockener Steg à Zermatt (dernier bout en téléphérique), la météo était favorable ce jour-là et il faut dire ce qui est : c’est beau cette région ! arrivée à l’Hôtel, coup d’blanc et bonne fondue…



Jour 5 : Zermatt - home sweet home

Départ le matin de Zermatt pour rejoindre Zinal en transport public via Sierre (2 ½ heures) et retour en voiture à la maison.

En résumé, un superbe tour que je m’étais promis de terminer il y a trois ans et 5 jours passé avec Antonin, juste entre père et fils… nous avions pesé nos sacs avant de partir, ils faisaient environ 12 kg chacun. J'avais aussi réservé principalement des hôtels dans les vallées pour dormir, ça aurait été mieux de loger en cabane ou refuge, mais tous n'acceptent pas forcément les chiens.

Avec Leïabelle aventure car la race berger australien est à mon avis bien adaptée à ce genre de trek. Pas de problèmes particuliers à signaler, si ce n’est les passages d’échelles et de cordes un peu périlleux.

Nous avions prévu une trousse de secours autant pour nous que pour elle, rien eu besoin d’utiliser. Elle portait des sacoches adaptées à son harnais Julius K9 avec ses rations de croquettes que j’avais pris soin d’emballer dans des sachets de congélation hermétiques, j’avais prévu 300 gr/jour au lieu des 250 normaux, mais elle n’a même pas tout mangé. 

Les vétérinaires préconisent maximum 10% du poids du chien en charge, elle avait env. 800gr par sacoches le 1er jour. J’avais aussi quelques friandises protéinées que je lui donnais en milieu de journées.

Dernier détail : j’avais acheté une gourde spéciale chien avec réceptacle pour boire, en fait jamais utilisée, elle trouvait toujours un ruisseau ou un torrent pour boire, quelques fois je l’ai fait boire à ma gourde.


Prochain (long) trek en 2018 : Tour du Grand Muveran ou traversée des Alpes de Kandersteg au Tessin via le Haut Valais et le glacier d’Aletsch, ou pourquoi pas les deux !

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